Nomadisme hivernal 2024
CONSTRUIRE UN VOISINAGE PHILOSOPHIQUE ET GÉOGRAPHIQUE
SII-Ouest, 3,4 km de Tizé – Semaines 1,2,3
Cette année, la société d’ingénieurie informatique SII-Ouest est devenue mécène de notre association et nous accueille pendant un mois et demi dans ses locaux situés dans le quartier Via Silva à Rennes. Merci à elle pour son accueil généreux et l’espace très confortable qu’elle a mis à notre disposition pour ces froides semaines d’hiver. Nous expérimentons la vie urbaine, la vie de bureaux et de nouveaux paysages aux fenêtres. Un paysage en construction qui inspirera sûrement notre cher Alexandre Koutchevsky et son Grand Cahier intitulé « Le théâtre-paysage » lorsqu’il viendra, en janvier prochain, lire Le Domaine du temps (éditions Au bout du plongeoir, 2024) dans les locaux de SII-Ouest. Une manière de faire dialoguer nos fenêtres et nos paysages, si différents et pourtant si proches.
SII-Ouest se trouve à 3,4 kms de Tizé.












Médiathèque de Thorigné-Fouillard, 4,5 km de Tizé – Semaine 4
Nous voici dans le centre de Thorigné, à la Médiathèque Alfred Jarry. Le premier soir la médiathèque organise un ciné-club autour du film « Si seulement je pouvais hiberner » de la réalisatrice mongole Zoljargal Purevdash. Le lendemain, au déjeuner, un écho se tisse d’un nomadisme à l’autre : Catherine nous raconte le mode de vie nomade des peuples mongols compromis par le réchauffement climatique. Le jour suivant, nous évoquons les éditions Au bout du plongeoir. C’est l’occasion de discuter des pratiques éditoriales cartoneras d’Argentine qui inspirent ces éditions, et de parler de la puissance des bibliothèques, de démocratisation et de désacralisation du livre en France et ailleurs. Nous proposons de relier ensemble, à la fin de la semaine, avec les usagèr·es curieux·es de la médiathèque, les pages du texte « Le domaine du temps » d’Alexandre Koutchevsky. Un premier livre édité par Au bout du plongeoir, dans les restes de ses affiches et de ses flyers non utilisés.






Lycée Ozanam, 700 mètres de Tizé – Semaine 5
Nous tissons des liens de voisinage avec le lycée Ozanam qui se trouve à la sortie du lotissement de Tizé.
Le lycée est un village. On y visite les ateliers, on y croise les étudiant·es dans les halls, on se rencontre dans la salle des profs, à la « petite poz », dans les classes. Des projets de voisinage naissent ou s’esquissent : commercialiser un miel de Tizé dans la micro-entreprise des bac pro ? participer au jardin partagé d’À l’orée du temps avec les élèves du dispositif ulis ? construire des résidences d’auteurices au cdi ? accueillir une classe pendant une semaine en séjour à Tizé pour un projet de spectacle ? inventer un dispositif pour les élèves en perte de motivation qui viendraient s’aérer et rencontrer d’autres manières de travailler et d’autres personnes au Domaine ?
Nous amenons avec nous le photographe Erick Deroost qui intervient dans le cadre d’un concours-photo organisé par la vie scolaire au lycée autour de la notion de « gestes (et) de mains ». Il ouvre son atelier aux étudiant·es souhaitant apprendre les rudiments de la photographie et être accompagné·es dans leur projet.

Pendant ce temps-là, à Tizé – 0 km
Pendant ce temps, l’artiste Mathias Forge réside au Domaine qui résiste aux crues. Il revient cette année, dans le bureau suspendu, pour faire le point sur le rond-point de Viasilva autour duquel il est venu tourner pour son projet On aura l’occasion d’y revenir.
Les crues lèchant les fondations du logis et recouvrant le golf de Cesson nous font revenir une fois de plus au texte Le Domaine du temps d’Alexandre Koutchevski et l’image de cette silhouette qui, à quelques millénaires de notre présent, pêche un long morceau de bois (la règle du jeu d’Au bout du plongeoir) dans ce qui est devenu le Lac de Rennes.
« « La règle du jeu », c’est son nom, est une œuvre qui s’inspire des règles servant à mesurer le niveau des eaux dans les canaux et les rivières. À la base des graduations argentées qui s’échelonnent sur sept mètres de hauteur, on peut lire « + 32 mètres ». 32 mètres c’est l’élévation actuelle du domaine de Tizé par rapport au niveau de la mer. Combien de temps faudra-t-il à la Manche et à l’Atlantique pour gravir puis dépasser ces 32 mètres afin de créer le Lac de Rennes ? Il me plaît d’imaginer que la dernière trace d’Au bout du plongeoir – bien après les pierres du manoir dissoutes par l’acidité du Lac de Rennes – sera peut-être ce long morceau de bois repêché par une silhouette en barque dans quelques millénaires. »
On ne doute plus de la puissance des récits : à nous d’inventer des utopies (comme ce voisinage par exemple), peut-être, pour résister aux crues et aux règles trop droites.

Centre Socio-Thérapeutique et Culturel du CHGR, 6 km de Tizé – Semaine 6
Nous voici installé·es au CSTC avec lequel nous avons été lié par un jumelage pendant plusieurs années. Le CSTC c’est une cafet’ et une boutik’ ouverte toute la semaine aux patient·es, à leurs familles et ami·es, et aux soignant·es dans le Centre Hospitalier Guillaume Régnier. C’est ce qu’on appelle la sociothérapie : un espace de soin qui passe par la relation. Le CSTC est un espace de relations infinies toujours en mouvement où on parle beaucoup, on rigole, on se pose seul·e ou à plusieurs, on lit, on joue, on fait du sport, du théâtre, de l’opéra, du piano, des crêpes, etc. Derrière le bar règne la bonne humeur et ça donne beaucoup d’énergie.
Cléa Laizé, comédienne et metteuse en scène de la Coopération Itinéraire(s) d’Artiste(s) 2025, s’installe avec nous et anime trois ateliers de théâtre avec les usager·es du CSTC autour de son projet « Le désarmement – titre provisoire ».
En définitive, le CSTC c’est une Fabrique d’Art et de Rencontre. C’est un voisinage philosophique qui nous relie.

TerLieux, 10km de Tizé – Semaine 7
Cette semaine TerLieux nous accueille dans ses locaux square Charles Dullin. Encore un voisinage philosophique en perspective. Les questions qui portent l’association : quels sont les fondements d’un récit commun sur un territoire ? et comment outiller les populations pour qu’elles se réapproprient leur territoire ? L’association a notamment porté et initié le projet L’Atlas socio-culturel des marais de Vilaine ce qui nous donnera l’occasion d’échanger sur le projet Pop’up – Parcours aquatique et artistique sur la vallée de la Vilaine. De nouveau, les récits, les crues et les territoires se mêlent dans notre nomadisme.



Agora centre culturel, Le Rheu, 25km de Tizé – Semaine 9
Nous terminerons cette période nomade au Centre culturel du Rheu en compagnie de Falko Léquier qui séjournera avec nous pour travailler sur son projet « Le bestiaire collectif ».